On doit à un philosophe grec, Démocrite (460-370 av JC) d'avoir inventé le premier le concept d'atome pour désigner la plus petite particule de matière qui se puisse imaginer. Atomos signifie littéralement en grec insécable, qu'on ne peut couper ou diviser.
Si aujourd'hui l'atome est devenu sécable, pour faire mentir Démocrite, et est passé du simple concept philosophique à une utilisation quotidienne et maîtrisée dans de multiples domaines comme l'énergie, l'électronique et l'informatique, c'est grâce à une pléiade de physiciens illustres du début du XXième siècle : Rutherford, Bohr, De Broglie, Planck, Heisenberg, Einstein, Schrödinger, pour ne citer que les plus connus. En quelques décennies, ils ont permis à notre compréhension de ce grain de matière élémentaire de faire des pas de géant.
Je me bornerai ici à un rappel succinct de cet univers de l'infiniment petit, en prenant par commodité et comme exemple l'atome le plus simple et le plus répandu dans l'univers : celui de l'hydrogène. Descendons donc les marches vers cet infiniment petit.
Première surprise, les choses s'accélèrent et notre relation au temps perd ses repères communs, devient floue et relative : plus c'est petit, plus c'est désordonné, et plus ça va vite.
Deuxième surprise, on passe d'un univers continu et stable à un univers discontinu et instable : à l'intérieur de l'atome, il n'y a plus que du vide et rien que du vide, si l'on excepte le noyau qui constitue pourtant l'essentiel de la masse concentrée en un point minuscule. Le noyau est comme une tête d'épingle au milieu d'une sphère de cent mètres de large, à notre échelle, comme une mouche dans une cathédrale !
L'atome d'hydrogène est le plus simple et le plus élémentaire qui soit. Il est constitué d'un noyau : une particule appelée proton qui possède une charge électrique élémentaire positive autour de laquelle gravite, très loin, l'électron, une particule de charge élémentaire négative et de masse infime (10 - 30 kg), à une vitesse d'environ 2.000 km/s qui contrebalance la force d'attraction électrique par une force centrifuge, comme une planète autour d'un minuscule soleil. De sorte que cet électron fait environ 30 milliards de tours autour du noyau par millionième de seconde, autant de tours en une seconde qu'une hélice d'avion en quatre millions d'années ! Nous sommes au niveau de l'électron à une échelle très petite de 10 - 10 m qui s'appelle l'angström. Le noyau, quant à lui, se situe à une échelle bien plus petite encore : 10 - 15 m, soit 100.000 fois plus petit que l'atome entier. Entre les deux, répétons le encore, il n'y a que du vide.
Mais l'orbite de l'électron n'est pas stable et régulière comme l'est celle d'une planète. Elle forme un brouillard sphérique diffus autour du noyau qu'elle entoure et protège. On ne saurait dire où l'électron se situe précisément, et c'est bien là le problème. Il semble être partout et nulle part à la fois. Il est indiscernable et délocalisé.
Les physiciens du XXième siècle ont expliqué cette indiscernabilité et cette délocalisation comme l'effet d'un phénomène ondulatoire. En effet, si nous considérons l'électron, non comme une particule de matière, mais comme une onde stationnaire, alors nous pouvons comprendre sa localisation à certains niveaux spatiaux de l'atome, et seulement à ceux-là.
Pour mieux comprendre le phénomène de stationnarité, prenons l'analogie d'une corde attachée à un mur et que l'on agite régulièrement de bas en haut à l'autre extrémité. Elle vibre en formant des noeuds à certains endroits précis. A ces endroits, l'onde est dite stationnaire. L'électron fait de même et se trouve à certains endroits stationnaire, comme les noeuds de la corde. Si nous utilisons maintenant l'analogie d'un puits conique, qui représenterait le noyau, et où tomberait l'électron, nous voyons que, du fait de sa vitesse, ce dernier va rebondir sur les parois du puits, plus ou moins profondément et plus ou moins vite en fonction de son énergie : il crée ainsi son onde stationnaire. A l'état de repos ou de moindre énergie, celle-ci sera localisée au plus profond du puits, près du noyau. S'il est activé, sa vitesse augmentera et l'onde s'éloignera du noyau en remontant les parois, par bonds successifs.
On sait depuis Augustin Fresnel, le père de l'optique, que la lumière est une onde dotée des propriétés classiques de toute onde que sont la diffraction, les interférences, l'effet tunnel, la stationnarité, la délocalisation, l'indiscernabilité, et la mise en phase. Tout le monde a observé un jour d'orage un arc-en-ciel. Il illustre de façon naturelle la propriété de diffraction de la lumière sur des gouttelettes d'eau. Cette lumière naturelle et blanche issue du soleil est alors séparée en ses éléments constitutifs, les couleurs, qui, dans le spectre visible, vont du rouge au violet (de 0,76 à 0,4 micron de longueur d'onde).
Nous savons tous aussi que la lumière, pour si immatérielle qu'elle soit, n'en reste pas moins énergétique : elle nous éclaire, nous chauffe et nous réchauffe, fait pousser les plantes, a un effet photoélectrique sur des pastilles de silicium, etc...
Avec la découverte de l'atome, l'apparition de l'électromagnétisme puis de la mécanique quantique au siècle dernier, notre connaissance la lumière a pris un autre éclairage, si je puis dire, avec la découverte de ses propriétés corpusculaires.
Comme l'a montré Einstein par sa célèbre formule E = mc2 toute forme d'énergie à son équivalent matière. Si donc la lumière est énergie, et elle l'est, nous devons en déduire logiquement l'existence de particules matérielles élémentaires transportant cette énergie dans l'onde lumineuse pour satisfaire l'équation. Ces particules qu'on a appelé les photons sont les vecteurs de cette énergie lumineuse.
On doit au physicien Max Planck d'avoir déterminé ce quantum d'énergie ou d'action élémentaire et indivisible par sa célèbre formule E=hv. La lettre v correspond à la fréquence de l'onde lumineuse, et la lettre h est la constante universelle de Planck (qui vaut 6,26176 x 10 - 27 erg/sec) Chaque quantum d'action est élémentaire et illustre parfaitement la discontinuité de la matière à ce niveau.
De là est née la mécanique quantique et cette qualité totalement étrangère aux monde des objets familiers : les particules, comme l'électron ou le noyau de l'atome, se comportent comme des ondes qui peuvent s'additionner ou se soustraire (par interférences dépendant de leurs phases), tandis que les ondes, comme la lumière ou les autres rayonnements, se comportent comme des particules, c'est à dire comme si elles étaient de petits paquets élémentaires d'énergie bien séparés et localisés dans l'espace. Comme Louis de Broglie l'a montré en 1924 dans sa thèse de doctorat, il n'y a pas de différence fondamentale entre ondes et particules.
Pourtant, une grosse partie de la difficulté à comprendre les phénomènes à l'échelle atomique vient de là, comme on l'a vu avec l'orbite de l'électron. Celui-ci ne peut être localisé précisément, parce qu'il est aussi une onde dont les vibrations stationnaires forment un brouillard indistinct entourant le noyau de l'atome.
Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'on a une certaine probabilité de le trouver à sa place, mais il n'est pas formellement exclu qu'il soit aussi ailleurs, bien que cette probabilité soit infiniment plus faible. Une telle fluctuation existe cependant et ne peut être totalement exclue. Ce serait contraire à l'esprit quantique.
Dans ce monde de l'atome, la lumière n'arrive donc que par des quanta successifs et discrets, qu'on a imaginés comme des paquets d'énergie élémentaire qui viennent percuter l'atome. Celui-ci les absorbe et se met alors à vibrer davantage : sa fréquence augmente comme une note de musique augmente d'un ton. L'électron fait alors un saut de puce quantique vers un état plus excité, et son brouillard électronique change d'état et de configuration. Cette transition est discontinue et discrète car elle quantifiée, comme on l'a vu, et on ne peut descendre en deçà d'un quantum. Lorsque l'atome revient à son état initial, il va réémettre ce ou ces photons. On a une illustration empirique de cette loi physique, à notre échelle, avec les corps que l'on chauffe. A partir d'une certaine température, le corps chaud va émettre lui même du rayonnement, d'abord dans l'infrarouge, puis dans le visible, tel un tisonnier chauffé à blanc. Tout est une question d'énergie, de la plus infime (le quantum d'énergie) à la plus violente (le flash dévastateur et aveuglant d'une explosion thermonucléaire).
Le photon acquière au passage une nouvelle propriété, celle d'être le vecteur des forces atomiques, et plus précisément des forces électroniques.
Reste un paradoxe de taille à son sujet qui jette un trouble profond dans notre esprit. Le problème qui subsiste est qu'aucun corps matériel ne peut être accéléré à la vitesse de la lumière, et qui plus est l'atteindre, sans augmenter sa masse de façon infinie, de sorte qu'il faudrait lui communiquer une énergie infinie pour y arriver, ce qui ne peut se concevoir. La vitesse de la lumière est une limite physique infranchissable, qu'aucun corps matériel ne peut atteindre, sauf la lumière elle-même, comme l'a montré Einstein dans sa théorie de la relativité généralisée. Si donc nous considérons le photon lumineux comme un grain de matière, alors il doit avoir une masse comme tout autre grain de matière qui se respecte, mais s'il a une masse, alors il ne peut voyager à la vitesse de la lumière !
Il semble donc tout à fait impossible et contradictoire de lier conjointement ces deux états, corpusculaire et ondulatoire, qui s'excluent mutuellement. De là vient notre trouble et toute notre difficulté à appréhender la mécanique quantique, contraire à la logique la plus élémentaire.
Nous sommes là au coeur de la complexité de la matière, confronté à l'indécidabilité fondamentale qui est la sienne, à ce tiers généralement exclu de notre logique habituelle, qu'il faut réintroduire ici avec force. La matière est fondamentalement libre, imprévisible et paradoxale dans ses tréfonds les plus secrets.
Pour sortir de ce paradoxe quantique, nous devons donc admettre que la masse du photon est nulle au repos et dans le vide, ce qui lui permet de voyager à la vitesse de la lumière porté par l'onde, et qu'il ne prend corps, masse et valeur qu'à son impact avec la matière. Il faut donc considérer le photon comme une quantité discrète et indivisible d'énergie qui ne prend réellement et matériellement son existence que dans son interaction avec la matière. Je conviens que cette façon de voir les choses n'est pas naturelle dans notre monde macroscopique ou toute chose existe ou n'existe pas, mais ne peut en aucun cas "être et ne pas être" en même temps, et qu'elle relève donc d'un acte de haute voltige intellectuel.
Le photon transporte donc une force ou une énergie dans l'onde lumineuse qui le porte, et l'effet ou la puissance de cette force est liée à la fréquence de cette onde. Nous savons aussi que cette fréquence s'exprime par une couleur, du rouge au violet dans le spectre visible. Plus cette fréquence augmente, plus les photons sont énergétiques. Nous savons par exemple que les ultraviolets sont dangereux pour notre peau et pour la vie en général, et qu'heureusement l'ozone de l'atmosphère les arrête dans leur grande majorité.
Pour terminer sur le sujet, nous pouvons ajouter au passage que la lumière est la forme d'énergie la plus pure et la plus propre qui existe dans l'univers. Absolument non polluante aux basses et moyennes énergies, elle est aussi extraordinairement souple et se prête à merveille à toutes sortes de manipulations, comme nous allons le voir avec le laser.
La lumière est aussi un merveilleux vecteur d'information des forces électroniques, comme nous l'avons vu, ce qui laisse présager l'apparition et le développement d'une nouvelle science, la photonique, et de nouvelles technologies aux applications industrielles multiples. Bientôt nos ordinateurs seront photoniques, n'en doutons pas, lorsque nous aurons appris à domestiquer davantage cette énergie, ses potentialités et ses capacités informatives.
Le laser est une onde lumineuse entretenue, et, comme toute entité entretenue, la lumière du laser nécessite un endroit propice pour s'épanouir et une certaine excitation. Cette cavité propice qui peut être liquide solide ou gazeuse s'appelle un résonateur. L'onde lumineuse y est piégée entre deux miroirs parfaitement parallèles qui la conduisent à rebondir de l'un à l'autre sur elle-même, dans une navette sans fin, si ce n'est l'évanescence due à l'atténuation du milieu. Naturellement, la fréquence de l'onde intervient : il faut qu'il y ait un nombre entier de demi-longueurs d'onde dans la longueur de la cavité pour qu'il puisse s'y créer des noeuds et des ventres de vibration stables. Il s'établit alors un régime d'oscillations stationnaires, une succession de nombreux 8 qu'on va pouvoir amplifier et exploiter.
Pour mieux comprendre ce principe de boucle entretenue, nous nous référerons par analogie à un problème bien connu des organisateurs de spectacles dans le domaine des ondes acoustiques : l'effet Larsen. Il s'agit d'un phénomène indésirable, qui prend sa source dans une boucle de rétroaction qui se produit entre le haut-parleur et le micro. Le haut-parleur alimente par réverbération le micro, qui alimente le haut-parleur, via l'amplificateur, et ainsi de suite; l'onde sonore se boucle ainsi sur elle-même dans un sifflement strident.
S'il n'y avait aucune atténuation dans le résonateur, l'oscillation pourrait se prolonger indéfiniment. Mais ceci est impossible : les miroirs ne sont ni parfaitement réfléchissants, ni parfaitement parallèles, et le milieu qui emplit la cavité est toujours un peu absorbant. Enfin, si l'on veut observer quelque chose à l'extérieur et utiliser cette onde, il faut bien créer volontairement une petite fuite de lumière, et l'un des miroirs doit être semi transparent afin de laisser filtrer au dehors le rayon du laser. Ce sont toutes ces pertes d'énergie qu'il faut compenser par une émission lumineuse adéquate qui prend naissance à l'intérieur de la cavité dans le milieu matériel qui l'emplit.
Ce qu'il y a de remarquable avec le laser, c'est que sa lumière est parfaitement ordonnée et cohérente. Le laser est une lumière artificielle très concentrée. Toute l'énergie lumineuse émane d'une seule et même onde, et non pas, comme les autres sources de lumière naturelle, de trains d'ondes indépendants et désordonnés. C'est pour cela aussi que la lumière d'un laser est monochromatique : constituée d'une seule onde, sa fréquence est parfaitement définie.
En termes corpusculaires, nous pouvons dire d'une façon analogue que tous les photons, ces grains d'énergie lumineuse, se sont regroupés et empilés avec une organisation parfaite sur la même onde. Ils sont en phase les uns avec les autres. Pour bien saisir ce qui se passe, nous allons utiliser une approche quantique pour expliquer ce phénomène.
Nous savons que l'électron effectue des transitions de position qui correspondent à des niveaux d'énergie différents, en absorbant ou émettant au passage un photon. Ces transitions quantiques peuvent aussi bien faire passer l'atome du niveau inférieur au niveau supérieur que du niveau supérieur au niveau inférieur.
Dans ce dernier cas, l'atome libère une certaine quantité d'énergie sous forme d'un photon supplémentaire, qui vient s'ajouter aux photons déjà présents sur l'onde, et en phase avec ceux-ci. On a donc amplifié l'onde aux dépend d'un atome.
Emission stimulée : un photon porté par l'onde lumineuse déclenche la transition de l'atome dont un électron retombe sur le niveau 1, tandis qu'il émet un deuxième photon porté par la même onde que le premier.
Si on est arrivé, par un moyen quelconque, à faire passer un assez grand nombre d'atomes dans l'état excité, le milieu peut jouer le rôle d'un amplificateur de lumière. Supposons maintenant qu'une onde soit " piégée " entre deux miroirs et porte des photons qui " font la navette " entre ceux-ci ; elle va déclencher à chaque passage l'émission stimulée de quelques atomes, et être amplifiée, c'est-à-dire s'enrichir en photons tous cohérents. En termes purement ondulatoires, son amplitude va donc croître tout en préservant sa phase et on aura une lumière d'un type très particulier, constituée d'une onde unique de très grande énergie, car elle porte beaucoup de photons. Au contraire, les sources usuelles, même intenses, fournissent seulement un ensemble d'ondes incohérentes entre elles : beaucoup de photons peut-être, mais dans le désordre, car portés par beaucoup d'ondes différentes.
Le problème qui reste à résoudre est donc de créer une situation dans laquelle un grand nombre d'atomes se trouvent tous en même temps dans un même état excité. Ceci n'est pas naturel car, à l'équilibre, les transitions quantiques du niveau supérieur se compensent dans une égale proportion avec celles du niveau inférieur. Il faut donc créer une situation hors d'équilibre. Les moyens pour y parvenir sont très variés et souvent compliqués : il faut stocker les atomes excités en attendant le moment propice. Dans le cas du laser, c'est l'onde lumineuse elle même qui va déclencher la transition et ramasser au passage les photons Ce déclenchement, près du seuil d'oscillation, juste avant que le système n'accroche et devienne stationnaire est extrêmement brusque et rapide : environ un millionième de seconde. L'onde, tout à la fois, se déclenche, se génère, se régénère et s'auto-entretient.
De la même manière qu'en électricité on produit un courant induit à partir de deux bobinages concentriques, l'un dit primaire, l'autre dit secondaire - la bobine d'allumage d'une voiture en est l'exemple type - on peut produire une onde laser grâce à une lampe flash enroulée en bobine autour d'un barreau de rubis synthétique. Les décharges successives du flash apporteront l'énergie excitatrice à l'onde laser induite à l'intérieur du barreau.
Les lasers sont de nature très variés et ont envahi de très nombreux domaines de la vie courante, que ce soit les caisses enregistreuses des supermarchés, les diodes laser des appareils électroniques - du compact disque à l'imprimante laser - les lasers médicaux, ceux utilisés en interférométrie pour la mesure des distances - chars, avions de chasse, mais aussi la distance terre-lune au mètre près - ou, dans l'industrie, les lasers à gaz carbonique plus puissants, utilisés pour la découpe de matériaux.
On dispose maintenant d'une panoplie complète de lasers dont le faisceau, issu d'une cavité optique très bien contrôlée, est un modèle d'onde lumineuse : couleur très pure, forme parfaitement définie - pratiquement le faisceau de rayons parallèles idéal -, précision prodigieuse, et le tout avec une gamme de puissances très large, certaines pouvant atteindre, pendant des impulsions très brèves, des valeurs considérables.
L'hologramme est une application laser toute a fait étonnante. C'est une des inventions vraiment remarquables de la physique moderne, inquiétante même, lorsqu'on en voit pour la première fois. Son image fantomatique peut être observée selon des angles variés, et elle semble comme suspendue dans l'espace. Voici quel est son principe:
Si l'on jette une pierre dans un bassin, il se produit une série d'ondes régulières qui s'étendent en cercles concentriques. La chute de deux pierres identiques en deux points différents du bassin engendrera deux ensembles de telles ondes qui vont se rencontrer et interférer. Si la crête de l'une heurte la crête de l'autre, elles vont se renforcer en une crête du double de leur hauteur. Là où une crête de l'une coïncide avec un creux de l'autre, elles vont s'annuler en une plage isolée d'eau calme. En fait, on rencontre toutes les combinaisons possibles, et le résultat final est un arrangement complexe de rides qu'on appelle un réseau d'interférences.
Les ondes lumineuses se comportent exactement de la même manière. Le type de lumière le plus pur dont nous disposons est celui produit par un laser, qui envoie un faisceau dont toutes les ondes sont synchrones. Lorsque deux faisceaux laser se rencontrent, ils produisent des franges d'interférences faites de rides lumineuses et obscures, qui peuvent être fixées sur une plaque photographique. Si l'un des faisceaux, au lieu de venir directement du laser est d'abord reflété par un objet, comme un visage humain, le réseau qui en résultera sera certes très complexe, mais pourra encore être photographié. Cet enregistrement sera un hologramme du visage.
La lumière du laser arrive sur la plaque photographique par deux voies différentes : la première, directe, est constituée par le faisceau de référence ; la seconde passe par un miroir puis par l'objet avant d'atteindre la plaque. L'embrouillamini apparemment sans signification qui est gravé sur la plaque ne ressemble en rien à l'objet original, mais il suffit pourtant d'une source de lumière cohérente comme un faisceau laser pour le reconstituer ; il en résulte une image tridimensionnelle de l'objet, projetée dans l'espace à distance de la plaque.
L'hologramme présente cette propriété remarquable d'enregistrer l'ensemble des informations sur l'objet en chacun de ses points ; ainsi, s'il est rompu, chacun de ses morceaux est capable, par agrandissement, de reconstituer l'image entière ou presque.
Avec une lumière extrêmement simple, pure, et ordonnée on obtient le désordre inextricable des franges d'interférences de la plaque photo, pour aboutir finalement sur l'infinie complexité de l'hologramme, puisque toute partie qui le compose est à la fois un élément du tout, et contient en même temps ce tout. Paradoxal et lumineux , n'est-ce pas !
L'hologramme démontre donc la réalité physique d'un type étonnant d'organisation, où le tout est dans la partie qui est dans le tout, et où la partie peut être plus ou moins apte à régénérer le tout.
Le principe hologrammatique généralisé que nous allons formuler ici dépasse le cadre de l'image physique construite par laser. C'est peut-être un principe cosmologique clé. De toutes façons, il concerne la complexité de l'organisation vivante, la complexité de l'organisation cérébrale et la complexité socio-anthropologique.
On peut le présenter ainsi : le tout est d'une certaine façon inclus (engrammé) dans la partie qui est incluse dans le tout. L'organisation complexe du tout (holos) nécessite l'inscription (engramme) du tout (hologramme) en chacune de ses parties pourtant singulières ; ainsi la complexité organisationnelle du tout nécessite la complexité organisationnelle des parties, laquelle nécessite récursivement la complexité organisationnelle du tout. Les parties ont chacune leur singularité, mais ce ne sont pas pour autant de purs éléments ou fragments du tout ; elles sont en même temps des micro-tout virtuels. D'où la richesse des organisations hologrammatiques :
Dans l'univers vivant, le principe hologrammatique est le principe clé des organisations poly-cellulaires, végétales et animales; chaque cellule y contient l'engramme génétique de tout l'être ; chaque cellule demeurée singulière, justement parce que, contrôlée par l'organisation du tout (elle-même produite par les interactions entre cellules), une petite partie de l'information génétique qu'elle contient s'y exprime ; mais elle demeure en même temps porteuse des virtualités du tout, qui pourrait éventuellement s'actualiser à partir de ces virtualités.
Ainsi, il serait possible - et il est désormais possible depuis la brebis Dolly - de reproduire par clonage l'être tout entier à partir d'une cellule même extrêmement spécialisée ou périphérique de l'organisme, ce qui naturellement pose des problèmes d'éthique.
C'est en fonction de cette aptitude que les êtres poly-cellulaires produisent des cellules singulières spécifiquement vouées à reproduire le tout : les germes, graines, et, merveille hologrammatique, l'oeuf, à partir duquel se forme l'être tout entier. La poule contient l'oeuf qui contient la poule....
C'est surtout pour essayer de comprendre la représentation, l'inscription en mémoire et la remémoration que l'on peut faire appel au principe hologrammatique. Le biologiste Pribam est arrivé à l'idée que la mémoire est enregistrée de façon hologrammatique : les marques mnésiques ne seraient pas rangées dans un endroit spécifique du cerveau mais éparpillées de façon diffuse dans les zones mêmes des activités cognitives.
Ainsi seraient engrammées, non les représentations, mais les computations (calculs) qui ont établi la représentation au moment de la perception, et qui permettent d'opérer par recomputations le surgissement du souvenir. D'où l'idée clé : " ce qui est emmagasiné, c'est une computation (ou un calcul) et non un enregistrement (ou une image) ".
Plus généralement, "la connaissance est enregistrée dans le cerveau comme un ensemble de computations".
Toute remémoration serait, comme la représentation perceptive, une reconstruction holoscopique, mais, à la différence de la perceptive, la représentation du souvenir serait ressuscitée par des inter-computations de myriades de neurones à partir des inscriptions hologrammatiques.
NB: enregistrer un calcul ou une formule de calcul est aussi bien plus économique, en terme de place occupée, que le résultat de ce calcul.
En forme de conclusion poétique et en hommage à Léo Ferré :
La marée je l'ai dans le coeur qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeur, de mon enfant, et de mon signe
Un bateau, ça dépend, comment on l'arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament des années lumières et j'en laisse
Je suis le fantôme jersey, celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baisers et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de Juillet où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller au doigt du sable de la terre
Rappelle toi ce chien de mer que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là avec ses poumons de flanelle
Quand tu pleures de ces temps là le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là bas et des sprints gagnés sur l'écume
Cette bave des chevaux ras au ras des rocs qui se consume
O l'ange des plaisirs perdus, O rumeur d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords, reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors pour le retour des camarades
O parfums rares des salants dans le poivre feu des gerçures
Quand j'allais géométrisant mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul, poissé, dans les draps d'aube fine
Je voyais un vitrail de plus et toi, fille verte, mon spleen
Les coquillages figurants sous les sunlights, cassés, liquides
Jouent de la castagnette tant qu'on dirait l'Espagne livide
Dieu des granits ayez pitié de leur vocation de parures
Quand le couteau vient s'immiscer dans leurs castagnettes figures
Et je voyais ce qu'on pressent quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang et que les globules figurent
Une mathématique bleue dans cette mer jamais étale
D'où me remonte peu à peu cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là sous l'arc copain où je m'aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla, ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps comme un mendiant sous l'anathème
Comme l'ombre qui perd son temps à dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux s'en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout, dans la rue, O musique morte
C'est fini la mer, c'est fini, sur la plage le sable bêle
Comme des moutons d'infini quand la mer bergère m'appelle
Léo Ferré
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